L’Uniopss a organisé le 14 mars, au Conseil de l’Europe à Strasbourg, avec le soutien du Crédit Coopératif et la MGEN, un colloque sur le thème : « Les associations de solidarité font l’Europe sociale. » Une occasion de mieux définir le concept d’Europe sociale et d’envisager collectivement des solutions pour rendre l’Europe plus humaine…
Le colloque de l’Uniopss sur l’Europe sociale, qui s’est déroulé le 14 mars dernier au Conseil de l’Europe Strasbourg, en partenariat avec l'Uriopss Alsace-Lorraine, a été la première manifestation nationale d’ampleur sur le sujet avant les élections européennes du 26 mai.
A cette occasion, l’Uniopss et les acteurs de la solidarité ont souhaité tout d’abord revenir sur les nombreux enjeux qui entourent ce concept d’Europe sociale. Président de l’Uniopss, Patrick Doutreligne a rappelé que « si les partis politiques candidats aux élections européennes n’incluent pas une protection sociale et humaine, ils passeront à côté des attentes des citoyens ». Une vision que partage Nonna Mayer, chercheuse au CNRS. Intervenant en introduction de ce colloque, elle a souligné que « face à l'insécurité sociale, il est essentiel de créer une Europe plus protectrice et de rendre la parole aux plus pauvres ». Dans ce cadre, l'Uniopss et les associations de solidarité ont un rôle clé à jouer.
Pour poser un certain nombre de chiffres sur tous ces propos, l’Uniopss a présenté lors de ce colloque un sondage réalisé par l’Institut Ipsos, avec le soutien du Groupe Vyv, sur la vision des Français sur la protection sociale en Europe. Selon cette enquête, les Français sont très majoritairement favorables à une protection sociale renforcée à l’échelle européenne. Protection des consommateurs, changement climatique, terrorisme, protection des droits sociaux... sont pour eux des priorités qui doivent être traitées au niveau de l’Union européenne. Les Français considèrent d’autre part qu’une harmonisation des législations les plus favorables sous l’impulsion de l’Union européenne est un objectif réaliste.
Les intervenants de la première table ronde de ce colloque sont revenus sur les outils et les conditions nécessaires pour bâtir cette Europe sociale.
Selon Nicolas Schmit, ancien ministre luxembourgeois du Travail et de l’Économie sociale et solidaire, « l'Union Economique ne peut fonctionner sans Union sociale avec une convergence vers le haut ». Une vision que partage Marcel Grignard, président du Think tank européen Confrontations Europe, qui souligne que « l’Europe de demain, c’est l’émancipation de l’Europe des citoyens », tandis que pour Guy Janvier, président d’EAPN France : « Quand il y a de la solidarité dans un État, le développement économique est meilleur », une logique qui doit aussi guider les politiques européennes.
Bien évidemment, le Socle européen des droits sociaux adopté, en novembre 2017 à Göteborg, en Suède, a été au centre des débats. Véritable feuille de route de la protection sociale à l’échelle européenne, son effectivité dans les États membres pose largement question. Pour Sofia Fernandes, chercheuse senior au sein de l’Institut Jacques Delors, « ce socle n’est qu’un point de départ. Pour qu'il ait un impact sur la vie des citoyens, il faut qu'il soit traduit concrètement grâce notamment à des incitations financières aux États ».
Le Colloque de l’Uniopss est également longuement revenu sur la place des associations pour faire vivre l’Europe sociale, en donnant la parole à plusieurs acteurs associatifs dans le cadre d’une deuxième table ronde. Selon Ruth Owen, coordinatrice politique à la Fédération européenne des associations nationales travaillant avec les sans-abri, trois défis doivent être relevés pour mettre fin au « sans-abrisme » en Europe : « accompagner la transition vers le logement d’abord, avoir une volonté politique forte et agir pour faire face à la pénurie de logements », en suivant ce qui a pu être fait dans certains États, comme la Finlande.
Ana Pelaez Narvaez, Haut-Commissaire à la solidarité et à la coopération internationale du groupe social ONCE en Espagne a insisté sur l’importance de miser sur l’inclusion sociale active des personnes en situation de handicap. Philippe Jakob, directeur général de l’association Adèle de Glaublitz a enfin détaillé son projet de création d’une fondation franco-allemande au service des personnes vulnérables. Il a notamment insisté sur l’importance de miser sur les échanges internationaux pour enrichir les pratiques professionnelles d’accompagnement au sein des Etats membres.
La deuxième partie de la journée a été consacrée à la présentation des priorités de l’Uniopss pour promouvoir l’Europe sociale. Intervenant pour détailler ces différentes propositions, Jérôme Voiturier, directeur général de l’Uniopss, a affirmé que la situation sociale du continent le plus riche de la planète qu'est l'Europe était inacceptable. C'est pour cela que 39 associations ont souhaité se mobiliser dans le cadre du Collectif #PourUneEuropeSolidaire.
Parmi les priorités pour une Europe sociale présentées : garantir le droit dans tous les Etats membres à des systèmes de revenus minimum adéquats et accessibles mais également la prise en compte du caractère transversal du handicap dans toutes les politiques.
Des propositions débattues ensuite durant presque deux heures avec des représentants de partis politiques candidats aux élections européennes (Anne-Sophie Pelletier de la France Insoumise, Rayan Nezzar de la République en Marche, Karima Delli d’Europe Ecologie-les Verts, Dieynaba Diop du Parti socialiste) qui avaient répondu à l’invitation de l’Uniopss et qui ont faire part de leurs propositions pour une Europe plus solidaire. Bref, à la suite du colloque de l’Uniopss, l’Europe sociale n’a pas fini de faire parler d’elle…